La mer n'est pas plus une plaisanterie que le fossé d'urgence. Les deux font des ravages, quelles que soient les circonstances, les supplications ou les pots-de-vin.
Une malédiction repose sur le jeune Ivo : dès que sa femme tombera enceinte, il sera dévoré par la mer. C'est ainsi que son père a coulé, tout comme son frère jumeau. Mais que vous ne pouvez pas échapper à votre destin sait quiconque qui a entendu parler d'Œdipe et que si c'est écrit dans les étoiles que votre vie se termine dans les vagues, alors vous noyez, même s'il n'y a pas de mer à proximité. Pour ainsi dire, parce que la mer, est audiblement présente dans 'Les Enfants de la Mer'.
Dès les premières notes de l'ouverture, vous entendez le bruit, les houles et l'orage... Comment voulez-vous que les notes soient? Plus visuel n'existe pas, c'est l'expressionnisme à son meilleur.
'Les Enfants de la mer' du compositeur belge Lodewijk Mortelmans (1868-1952) a été créé en 1920 - sans succès - et le compositeur déçu l'a adapté en une suite de 90 minutes, dont la moitié a été enregistrée par Phaedra. L'idiome romantique tardif me plaît beaucoup, tout comme l'histoire en vers de Raf Verhulst. De plus, je suis assez impressionné.
La performance est plus que sublime. Dirk Vermeulen fait jouer la Württembergische Philharmonie Reutlingen comme si leur vie en dépendait, à couper le souffle! Liesbeth Devos (Stella) est une vraie découverte pour moi. Sa voix soprano en cristal pur est extrêmement agréable à écouter et à admirer. Peter Gijsbertsen chante un Ivo émouvant, dans ce rôle il est vraiment inimitable pour moi. Comme sa voix est devenue belle et chaleureuse! Werner van Mechelen (Petrus) complète le casting d'entre milliers. ‘Ellen’ sur le texte de Frederick van Eeden (Gijsbertsen) et 'Als de ziele luistert' (Devos) complètent la 'section Mortelmans', mais il y a encore des chansons et des airs de Peter Aerts et August de Boeck. Liesbeth Devos chante le Cantilène de Francesca de La Route d'Emeraude d'August de Boeck : Ce CD est un MUST!
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FEVRIER 2018 - SVM
Texte historique De Kinderen der Zee
Phaedra a récemment publié un enregistrement des moments forts de l'opéra 'De kinderen der zee' de Lodewijk Mortelmans. Suite à ce communiqué, nous publions ici un texte paru en 1901 dans Le Matin:
Rafaël Verhulst – De Kinderen der Zee, dramatique œuvre théatrale chantée en trois actes. Anvers, L.H. Smeding, 1901.
Nous avons apprécié ici même le premier accueil de M. Rafaël Verhulst, et montré tout le charme simple et pénétrant de ces impressions recueillies en pleine nature, « le long des haies vertes », de ces croquis dessinés d’une main alerte et revêtus de teintes vives et légères. Aujourd’hui nous saisissons avec joie l’occasion d’attirer encore une fois l’attentions du public sur ce vrai poète, qui vient de publier une œuvre nouvelle, Les enfants de la Mer, couronnée naguère dans un concours officiel.
Ce poème a pour mérite premier et principal d’être absolument ce qu’il fallait qu’il fût: un drame lyrique. Le pathétique de l’action y est soulevé d’un souffle poétique qui ennoblit les détails familiers et les personnages d’humble condition.
La scène se passe sur la côte de Flandre, au dix-septième siècle. Peu importe, du reste, le moment précis. Nos simples et rudes populations maritimes n’ont guère changé. Sauf quelques nuances, les pêcheurs de la West-Flandre sont encore aujourd’hui ce qu’ils étaient il y a trois cents ans: courageux, honnêtes, doués de toutes le vertus familiales, capables de tous les dévouements, naïvement pieux et portés à la superstition. Combien de temps encore resteront-ils ainsi? la civilisation contemporaine triture, rabote et lamine très rapidement les hommes, effaçant les différences de races, de religion et de culture pour produire quelques types universels: l’ouvrier d’usine en bas, le brasseur d’affaires en haut, tous vêtus de même, parlant de même, ayant les mêmes idées, les mêmes sentiments, les mêmes vices, tous faisant les mêmes gestes rapides en vue des mêmes jouissances matérielles – tout américains.
Ivo Marien, le plus beau et le plus hardi des pêcheurs de la côte, aime Stella, la jolie pêcheuse de crevettes, qui lui a donné son cœur. Mais une fatalité héréditaire pèse sur les Marien. A peine ont-ils pris femme qu’ils périssent en mer, sans avoir pu embrasser leur premier-né. C’est ainsi qu’a péri le père d’Ivo. Sa femme, Gertrude, a reçu la nouvelle de son naufrage et de sa mort, le jour même où elle mettait au monde deux fils jumeaux. L’un d’eux, Bert, bravant les sinistres prédictions, s’est marié, et Ivo, malgré les avertissements d’un vieux pêcheur, qui joue dans la pièce le rôle de la Cassandre antique, va suivre son exemple. Mais on attend le retour de Bert, dont la femme vient d’accoucher.
Le jour se lève dans un ciel sans nuages, la mer bleue moutonne doucement, apportant sur le sable d’or du rivage une légère écume d’argent. A l’horizon paraissent les voiles blanches de la petite flottille. Une parque manque, une seule, celle de Bert Marien. Elle s’était un peu écartée des autres. Or, pendant la nuit, le vieux gardien du phare est mort subitement, le feu s’est éteint, et, dans l’obscurité, la barque s’est brisée sur un écueil. L’équipage est sauvé, Bert seul a péri, victime de la fatalité.
Voilà Ivo placé dans l’alternative de renoncer à Stella ou de renoncer à la mer. Mais il a vingt-cinq ans, et il est bien tard pour apprendre un nouveau métier. Que faire d’ailleurs? Pousser la charrue à travers le sable ou l’argile, s’enterrer dans le abîmes noirs d’une mine de charbon, s’enfermer dans un atelier sombre et fétide? Garder les troupeaux lui irait peut-être mieux: comme le pêcheur, le berger est un errant et un rêveur. Mais non, son véritable troupeau à lui, ce sont les vagues, les vagues floconneuses et blanches d’écume; loin de la mer, il aspirerait vers les divins flots salés comme le poisson qui halète et pantèle sur le rivage.
Comme le dit Petrus, le vieux loup de mer:
Le pêcheur a toute sa vie au cœur un amour fidèle. Ce qu’il aime, ce qu’il adore par-dessus tout, c’est l’océan montueux.
La chaîne des dunes avec leurs monticules pelés, leurs sommets sablonneux et arides, voilà les riants parterres qui enchantes ses yeux.
Sur la mer, il est roi; son palais, c’est l’étroite cabine; son royaume, c’est le ciel étoilé sur sa tête et la mer houleuse sous ses pieds.
La voile se gonfle et se tend, les bordages craquent; les ailes déployées, il vole sur la crête des vagues hautes comme des cathédrales.
La chanson qui le berce le plus doucement, c’est le clapotis des lames rageuses qui déferlent sur les écubiers; sa poitrine se dilate pour aspirer largement le vent salé qui le pénètre de ses effluves saumâtres.
Son regard aime à embrasser l’espace jusqu’au point où les vagues se confondent avec les nuages; il s’irrite des bornes étroites où l’enferme le rempart des arbres et des toits.
Il ne se bouche l’oreille ni aux plaintes du vent, ni aux hurlements de la tempête. Dans la joie ou la tristesse, dans le bonheur ou le malheur, la mer, toujours la mer!
Mais tout s’arrange. Un soupirant éconduit par Stella, le pêcheur Bolten, à qui, dans un accès de jalousie, Ivo a failli servir un coup de couteau, se trouve être un grand cœur. Nommé gardien du phare en remplacement du vieillard qui vient de mourir, il cède sa place à Marien et retourne à sa barque.
Les deux jeunes gens se marient, la fatalité semble désarmée, et Ivo se prépare, confiant et joyeux, à embrasser l’enfant dont Stella lui annonce en rougissant la venue prochaine.
Mais une tempête épouvantable éclate pendant que toute la flottille est en mer. Seuls trois pêcheurs sont restés. Ils mettent à flot un canot de sauvetage pour aller au secours de Bolten, dont la chaloupe vient d’avoir son mât brisé par la foudre et flotte désemparée, sur le point de périt. Il faut un quatrième rameur. Stella se présente. En vain on s’efforce de la retenir, la reconnaissance parle plus haut que la prudence et que la raison. Elle ne laissera pas périt sous ses yeux l’homme généreux à qui elle doit son bonheur.
Il faut bien l’avouer, malgré la sublimité de l’action, elle a pour nous quelque chose de choquant dans l’état actuel de nos mœurs. Nous éprouvons une sensation pénible à l’idée de cette femme enceinte qui enjambe le bordage d’un canot et rame éperdument, secouée, ballottée par une mer démontée et tumultueuse. Mais, si Stella n’était pas enceinte, il n’y aurait pas de pièce, et si elle ne se dévouait pas, il n’y aurait pas de pièce non plus. Il est vrai, d’ailleurs, qu’il y a quelque différence entre une pêcheuse de crevettes d’autrefois et les charmantes bourgeoises de cette aurore de siècle, élevées dans du coton, et qui n’ont pas besoin d’être enceintes pour se croire des reliques.
Ivo, qui a quitté le phare pour un moment, apprend le péril de sa femme, s’élance à son tour avec Petrus, le vieux pêcheur, dans un canot qui est englouti par une vague furieuse. Son cadavre est rejeté sur la plage au moment même où Stella y aborde avec Bolten et son équipage qu’elle a sauvés.
Ainsi l’impitoyable "anankê" n’a point perdu ses droits et la mer, comme le vieux Saturne, vient encore de dévorer une de ses enfants.
Ce drame a des personnages d’idylle, tous bons, honnêtes, généreux, tous dignes de l’âge d’or. Pas plus dans Les enfants de la Mer que dans Quentin Metsijs, M. Verhulst ne s’est exposé au reproche s’avoir calomnié ses compatriotes. Tout drame, pourtant, suppose une lutte, et par conséquent un personnage hostile, malfaisant. Ici, le rôle de traître et rempli par un être impersonnel: c’est la mer, la sublime et cruelle mer, qui fait vivre le pêcheur et qui le tue, la mer aux douceurs perfides et aux rages furieuses. Que l’homme soit vaincu par cet antagoniste d’autant plus terrible qu’il est inconscient, c’est inévitable et fatal. Le roseau pensant, malgré des victoires temporaires, est destiné à être broyé par les forces cosmiques, qui ont pour alliées l’éternité et la mort.
… Que sert qu’on s’en défende? Quand la fosse est ouverte, il faut qu’on y descende.
Les caractères ne sont indiqués dans la pièce de M. Verhulst que d’une façon sommaire. Le drame lyrique ne s’accommode guère d’un psychologie bien raffinée. L’action, simple et forte, présente des situations pathétiques dont le musicien, espérons-le, saura tirer parti.
Les enfants de la Mer paraîtront probablement sur la scène l’hiver prochain. Souhaitons-leur de sortir victorieusement de cette redoutable et décisive épreuve.
L. Van Keymeulen.
Extrait de : Le matin : journal quotidien, dimanche 16 juin 1901, jrg. 8, nr. 176, p. 1
Informations sur le CD:
En 2018 Lodewijk Mortelmans (1868-1952) est né il y a 150 ans. Phaedra présente une sélection de l'opéra Les enfants de la mer, l'air de concert Ellen et la belle chanson Als de Ziele luistert (sur un texte de Guido Gezelle). August De Boeck (1865-1937) contemporain est également représenté avec des chants et des fragments d'opéra, ainsi que la chanson In Flanders' Fields de Peter Aerts (1912-1996).
In Flanders' Fields, vol. 97 : Lodewijk Mortelmans, De Kinderen der Zee Liesbeth Devos, soprane Peter Gijsbertsen, tenor Werner Van Mechelen, basse-baryton
Württembergische Philharmonie Reutlingen Dirk Vermeulen, chef d'orchestre
PHAEDRA 92097
- Lodewijk Mortelmans : De Kinderen der Zee (selection) - Ellen, een lied van de smart - Als de ziele luistert
- Peter Aerts : In Flanders' Fields
- August De Boeck : C'est en toi, bien aimé - Cantilene de Francesca (La route d'Emeraude) - Recitative et aire de Prinses Zonnestraal (Winternachtsdroom)
Liesbeth Devos, soprane - Peter Gijsbertsen, tenor - Werner van Mechelen, baritone
Württembergische Philharmonie Reutlingen - Dirk Vermeulen, chef d'orchestre
PHAEDRA PH 92097 - 78'
Enregistrement: JUILLET 2017, Reutlingen
* Mardi 23 JUIN 2015 - Musique et le 'Tour de France'
Traduction : A la ligne d'arrivée à Paris se trouve beaucoup de l'histoire de la musique, mais que se trouve sur le parcours du Tour de France?
Un petit 'Tour' le long des endroits de passage de la caravanne du Tour, et voyons quels compositeurs y ont accordé leur nom.
Extrait : La troisième étape commance à Anvers, autant une ville musicale avec nombreux compositeurs, malgré que pour certains leur nom ne dira rien, comme : Jan Blockx (1851-1912), Louis Marischal (1928-1999), Marcel Mattheessens (1936) et Carl Verbraeken (1950) par example.
Ce dernier a composé des titres qui s'accordent parfaitement au Tour, comme ‘Frustration’, ‘Joie interne’, ‘Félicitations’ et – lors des chutes inévitables – ‘Je porte tes blessures’.
Plus connu est le compositeur anversois Lodewijk Mortelmans (1868-1952), surnommé ‘Le Brahms flamand’.
Mortelmans était pour la vie musicale d'Anvers, ce que Willem Mengelberg signifiait pour celle d'Amsterdam. Il invitait des compositeurs comme Mahler, Strauss et Rachmaninov vers sa ville pour y diriger leurs œuvres et se trouvait sur le pupitre à côté de grand solistes comme Pablo Casals et Pablo de Sarasate.
Il mit Anvers musicalement parlant sur la carte. Qu'il aimait la compétition apparait dans le fait qu'il fût l'un des fondateurs du Concours Ysaÿe, qui devint plus tard le Concours Reine Elisabeth.
La troisième étape se termine sur le fameux Mur de Huy, un village ou Lambert Chaumont (1630-1712) compositeur, y vivait comme prêtre ses quarante dernières années. C'est là, dans les Ardennes qu'il écrivait sa belle musique pour orgue. Les Musicologues d'aujourd'hui, s'étonnent encore de son niveau élevé.
www.sinfinimusic.com
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* Lundi 24 DECEMBRE 2012 - Klassiek Centraal - recension
Lodewijk Mortelmans
Peter Vanhove, piano - Yuriy Mynenko, countertenor
Lorsque vous entendez le nom de Lodewijk Mortelmans à la radio, il s'agit dans 95% des cas de
‘Het Wielewaalt en het Leeuwerkt’, comme si cet homme n'a composé que cette pièce pour piano.
POURQUOI LE PÈRE DE LA SYMPHONIE FLAMANDE NE REÇOIT-IL PAS PLUS DE CRÉDIT?
Au tournant du XXe siècle, la division de l'Europe en grands blocs de pouvoir impériaux a entraîné l'émergence d'un esprit nationaliste dans des régions plus petites, dont, bien sûr, la Belgique - et, il n'est guère besoin d'ajouter, la Flandre en son sein.
Tous ont cherché à obtenir l'autodétermination politique, économique et culturelle. Chaque nouvelle entité géographique voulait - et avait besoin - de sa propre littérature, de sa propre danse, de sa propre musique. En Belgique, par exemple, l'Art nouveau est devenu la signature de l'architecture nationale.
En Flandre, la musique se concentrait en grande partie autour du Conservatoire d'Anvers et de son formidable chef compositeur, Peter Benoit. L'élève préféré de ce patriarche musical était un jeune Anversois du nom de Lodewijk Mortelmans (1868-1952) dont la Homerische Symphonie (Symfonie Homérique), aujourd'hui enregistrée par le label indépendant britannique Hyperion, nous permet d'assister à la naissance de la symphonie flamande, tout en servant de jalon dans l'évolution culturelle belge.
Cette comédie musicale grandiloquente d'une heure, composée d'épisodes de l'Iliade, n'a guère de consonance flamande. Un autre compositeur, August de Boeck, était plus habile à incorporer des airs folkloriques et populaires dans sa musique. Mais la symphonie de Mortelmans est importante pour marquer une rupture décisive avec l'influence française de l'écriture vocale, et incarne ainsi l'ensemble de la résistance culturelle flamande.
La fierté flamande de Mortelmans ne l'a pas empêché d'accepter le prix de la catégorie belge du plus grand prix de composition français, le prix de Rome, en 1893. Mais il s'est toujours consacré à la Flandre, élaborant des plans jamais réalisés pour un festival d'opéra flamand sur le modèle de la fête annuelle de Wagner à Bayreuth en Bavière. Le CD d'Hypérion, qui présente l'Orchestre royal flamand sous la baguette de l'aventureux maestro britannique Martyn Brabbins, n'est pas la première apparition de la musique de Mortelmans dans des enregistrements commerciaux.
Le défunt label Discover International lui a commandé certaines de ses œuvres orchestrales au début des années 1990, tout comme la société Naxos, dont les œuvres Mythe der lente (Mythe du printemps) et Morgenstemming (Morning Mood), également entendues ici.
Des stations de radio flamandes comme Klara ont également enregistré les œuvres de Mortelmans, et un fan entreprenant a même téléchargé sur YouTube des clips de représentations des miniatures pour piano du compositeur. Est-ce trop espérer qu'un organisme flamand fasse ce qu'il a fallu à une maison de disques britannique pour dépoussiérer certains de ces trésors cachés? Mortelmans pourrait certainement faire un bruit joyeux, et il est temps que tout le pays fasse un peu plus de bruit autour de ce premier symphoniste belge.
* Jeudi 14 JANVIER 2010
Lyrik und Ebenmaß : der Symphoniker Lodewijk Mortelmans wiederentdeckt
Poésie et symétrie: l'Oeuvre Symphonique de Lodewijk Mortelmans redécouvert
Traduction :
Enfin, les débuts belges de Lodewijk Mortelmans en tant que premier orchestre symphonique belge exceptionnel seront récompensés par des 'honneurs discographiques'.
Deux des œuvres enregistrées ici, 'Homerische Symphonie' (1898) et 'Morgenstemming' (1922), sont également apparues ces dernières années dans la série 'Repertoire Explorer' de la partition d'étude, ce qui prouve la dissémination et la vérifiabilité des résultats de services immenses. Mortelmans était un élève de Peter Benoit, le 'père de la musique flamande', qui avec son magnum sacré opus 'Hoogmis' avait fixé des normes élevées de caractère conservateur.
Un article de Christoph Schlüren - Edition: 12-2009 - Volume 58
Les dieux de la maison de Mortelmans étaient Bach, Beethoven et Wagner, et cela est clairement audible. Les mélodies et l'harmonie de Wagner, en particulier, ont laissé leur empreinte - d'une manière apaisée et parfaitement façonnée. Dans la 'Symphonie homérique', chef-d'œuvre des trois quarts d'heure, Mortelmans se révèle être un poète enthousiaste de la symétrie classique et construit la grande architecture avec une économie extrême à partir d'un minimum de matière thématique. Un mouvement d'ouverture modérément héroïque, sincère, hymniquement lumineux et généreusement conçu est suivi d'un lento tragique comme pièce maîtresse de l'œuvre, qui, dans sa force objectivement archaïque, devient une marche funéraire captivante et, dans sa beauté pure et ses dimensions, développe une capacité portante apparemment infinie de la tension intérieure.
S'ensuit un scherzo de sirène art nouveau délibérément éphémère, doucement ornemental et art nouveau, avec un trio émouvant et un final majestueux, triomphant et noble qui, malgré toute sa splendeur, ne se transforme jamais en une expression affirmative. On y trouve deux poèmes symphoniques, le premier 'Mythe der lente' (1895) avec un programme panthéiste-fantastique emprunté à l'Edda, et certainement avec un drame romantique, et le dernier 'Morgenstemming' - une peinture sensuelle pure et pure sous forme solide mais fluide, un jeu de couleurs et d'ambiances à dominante naturelle et intime, enchâssé dans une structure claire et motivante, harmonique et - comparable à l'autrichien Joseph Marx ou aux créations lyriques de Respighis - dans le produit de base, une symbiose de mélancolie et de légèreté comme un écho bourgeonnant, rêvé, des temps perdus. L'Orchestre philharmonique royal flamand sous la baguette de Martyn Brabbins joue un rôle digne dans un son transparent et splendide.
Lodewijk Mortelmans: Homerische Symphonie, Morgenstemming, Mythe der lente; Martyn Brabbins dir. Orchestre Philharmonique Royal Flamand. HYPERION CDA 67766 (Vertr. Codaex) - Plus d'informations: Hyperion Records - www.nmz.de/artikel/lyrik-und-ebenmass
..Ceci est le premier Cd du ‘Royal Flemish Philharmonic’ sur le label Hyperion.
Chef d'orchestre Martyn Brabbins et l'orchestre – deFilharmonie – se connaissent depuis bien longtemps.
Pour ce disque, beaucoup d'efforts y ont été apporté, et le résultat est magnifique.
Dorian Prince, European Commission's ambassador to Canada
Dorian Prince and Margaret Lysak will perform a free concert May 11 2007 at 8 p.m. at First Baptist Church, 140 Laurier Ave, sponsored by the Ottawa Chamber Music Society
There are some surprises, however :
In the second half, on piano, he will accompany the soprano Margaret Lysak in Belgian composer Lodewijk Mortelmans - Het wielewaalt en leeuwerkt, a song that mimics the sound of two birds playing on the beach at Antwerp. Prince believes that Mortelmans, who taught and influenced the French impressionist composers Debussy and Ravel, is sadly unappreciated today.
'You know, 30 years ago I met his granddaughter, and she gave me his complete piano works, and I fell in love with them. Mortelmans was a great original, and was a real link between Wagner and the impressionists.'
'And this lovely, charming little piece we're playing is not as famous as it ought to be.'
Un extrait de l'article par Gerard Van Der Leeuw, 'Actiekrant artEZ nr 161' du Conservatoire de Zwolle au Pays-Bas.
Traduction :
Honnêtement parlant, déjà entendu parler de Lodewijk Mortelmans?
Si déjà vous avez entendu parler de lui c'est indiscutablement comme compositeur de chansons. Mais ses poèmes symphoniques, son opéra 'De Kinderen der Zee' (Les Enfants de la Mer), jamais entendu? Eh bien, je vous dis, vous avez manqué quelque chose.
Heureusement une société flamande qui ne se laisse aveugler par l'illusion du jour, qui continue tranquillement de lancer de magnifiques enrégistrements d'œuvres quasiment inconnus de pièces à tort peu ou pas joué.. il s'agit de Phaedra, et de leur série In Flanders' fields. J'écoutait leur album Nº33 de cette série, œuvres de Lodewijk Mortelmans pour orchestre. Et j'écoutait avec toujours plus d'admiration, oui même avec une totale stupéfaction. J'entendit une musique magnifique, inspiré, brillamment orchestré avec une profondeur et un enthousiasme envoûtant, comme on entend que rarement dans nos pays calmes. Ne fût-ce que 'de Dageraad en Zonsopgang' de son opéra 'De kinderen der Zee', le top absolut !! Pourquoi au nom de nos muses cette musique est-elle tellement inconnue?
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* ONS ERFDEEL 1981 - 1968 - 1952
- Guido Gezelle in de muziek - (Hugo Heughebaert) Ons Erfdeel - 1981, nr 1, pp. 124-126
- Lodewijk Mortelmans herdacht - (Hugo Heughebaert) Ons Erfdeel - 1968, nr 4, pp. 156-157
- Lodewijk Mortelmans († 1952) - (Jozef Deleu) Ons Erfdeel - 1962, nr 4, pp. 69
Prof. Dr. Floris Van Der Mueren (°02.11.1890 - †23.12.1966)
Traduction :
Mortelmans avait une nature contemplative qui, pour ses chansons, l'a guidée naturellement vers les textes de Gezelle, dont il a chanté l'essence poétique dans des mélodies basées sur une harmonisation pleine d'humeur, dont certains ne doivent pas céder la place aux plus nobles de ce que ce genre a à offrir dans la littérature mondiale. Ses compositions pour piano sont pour le pianiste une littérature pleine de poésie.
Dans l'expression de ses problèmes, il a donc atteint des sommets dans diverses œuvres symphoniques qui lui apportent un moment proche des plus grands.
En particulier, son "In Memoriam" est un morceau de réflexion qui, dans une répétition constante où chaque motif de chagrin, dépouillé de tout pathos, est élargi et flanqué d'un rythme de marche funèbre qui captive par sa simplicité, atteignant un sommet d'une irrésistible expressivité qui, dans des points d'attention analogues, n'a été surpassée ni par Beethoven ni par Wagner.
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* Het algemeen Handelsblad
Traduction :
Et je ne connais pas de chants, où la musique et le mot sonnent aussi intimement et harmonieusement qu'ils le font dans les Lieder de Mortelmans, qui sont parmi les plus belles que nous possédons ici en Flandre..
* De Nieuwe Gazet
Traduction :
Beaucoup trop peu connu, c'est un trésor de lieder, de véritables joyaux qui ont été composées par Lodewijk Mortelmans..
* Het Nederlandsch Toneel
Traduction :
Il compose des lieder comme Beethoven, Schubert, Grieg et d'autres l'ont compris..
Ils s'approchent de l'idéal Wagnerienne; le poème et la musique se complètent et se renforcent mutuellement..
* Kunst voor het volk (l'Art pour le Peuple)
Traduction :
Mortelmans est un compositeur, sa muse ne chante pas des sujets banals, il n'est pas coincé dans l'étroit carcan de la vie quotidienne. La nature libre et ouverte avec sa richesse infinie de couleurs, dans laquelle il vivait si gracieusement, a fait de lui un peintre: l'immensité qui l'entoure, lorsqu'il est seul avec les pensées, a porté son me poétique vers plus haut..
* De la série 'Meesters der Toonkunst' (Maîtres de musique)
partie 5: August De Boeck par M. Pols de 1965-1966
Traduction :
Mais l'élève le plus splendide de Benoit dans l'indéniable Louis Mortelmans, dont le nom jouit d'un bon son dans la musique flamande de son époque, non seulement à cause de ses nombreuses œuvres symphoniques et de l'opéra 'De Kinderen der Zee' (Les Enfants de la Mer( (converti en comédie par le compositeur lui-même), mais surtout à cause de ses chansons très subtiles et profondes après les poèmes de Guido Gezelle, Hugo Verriest et Pol de Mont. Dans sa génération, Mortelmans représente le premier nom du style. Tout ce qu'il laisse derrière lui porte la marque d'une personnalité solide et d'un désir de perfection dans l'esthétique..
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* Sommets de la Musique - Casper Höweler - 1949
Conclusion :
Mortelmans est l'une des figures les plus importantes de la musique flamande. Plutôt classique que romantique de tempérament, c'est un homme qui attache une grande importance au formel. Bien que le romantisme fût son point de départ, Mortelmans ne se laissa pas emporter, mais envoya sa musique avec beaucoup de volonté pour devenir plus claire et élégante. Même les pièces qu'il a écrites dans le style de continuité ont une structure forte, et ne tombent jamais dans l'irréalisme du chromatisme anarchique.
Son travail s'inspire d'un grand lyrisme, tempéré par son fort esprit logique. C'est son caractère, enclin à la sérénité contemplative, pour transformer les grandes passions de l'âme en repos et en lumière.
C'est l'atmosphère lyrique et intime qui se détache de son œuvre et qui lui donne sa place dans l'histoire de la musique flamande. Seul lui pouvait parler avec la même simplicité désarmante que Gezelle, des secrets de l'âme, quand elle veut tranquillement écouter et chanter avec elle-même..
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* Lettre de Charles Van den Borren, datée 27 février 1938
(journaliste de plusieurs journaux)
Traduction :
Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir être présent pour célébrer le plus sensible des compositeurs flamands, un Schumann vraiment moderne et l'interprète le plus pénétrant de l'esprit de Guido Gezelle..
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* Extraits d'une lettre de Guillaume Lekeu adressée en février 1892 à Lodewijk Mortelmans
Enfin je puis vous écrire et vous remercier du fond du coeur pour le cadeau, si pleinement artistique, que vous m'avez adressé.
Je trouve vos mélodies admirables de pureté, de simplicité d'expression et surtout d'un accent sincère bien rare aujourd'hui. Toutes cinq sont très intéressantes... mais il y a surtout 2 chefs-d'œuvre (le mot n'est pas trop fort, car ces deux lieder sont parfaits de forme et de sentiment), je veux parler des 'Twee Betuwsche Liederen'. Il m'est impossible de préférer l'un à l'autre, car dans cette musique il n'y a vraiment pas une note de trop... L'alternance des modes majeur et mineur est étonnante d'effet expressif et, à chaque note, c'est une trouvaille harmonique, malgré la simplicité apparente de l'écriture…
Il n'est pas étonnant que votre Lied 'De Bloemen en de Sterren' (des Fleurs et des Etoiles) ait eu le 1er Prix à Rousselare, c'est que le jury y a été absolument équitable - car il n'y a pas de musicien en Belgique capable d'écrire 3 pages aussi pures de sentiment et aussi étincelantes de forme musicale - c’est d'une aisance de réalisation vraiment surprenante et, en outre, c'est admirablement construit.